jeudi 25 mars 2010

Les méfaits du productivisme

Apparu au début du XXe siècle, le productivisme se définit selon le Dictionnaire historique de la langue française comme «un système d'organisation de la vie économique dans lequel la production est donnée comme objectif premier ». Wikipedia

Il faut produire. On ne sait pas trop pourquoi ni pour qui, mais nous devons produire. Toujours plus. Il n'y a pas de fin en ce qui concerne la production que nous devons atteindre. Lucien Bouchard l'a dit, nous ne travaillons pas assez. Et si Lucien l'a dit, ça doit être vrai.

Cette logique découle de la maximisation des profits et du principe de rentabilité, eux-mêmes découlant du capitalisme puis de la propriété privée des moyens de production. Autrement dit, la grande majorité de la population n'a aucun contrôle sur les biens produits, leur nature, leur quantité, leur qualité ou leur raison d'être. Puis la «richesse» qui découle de cette production, sera principalement accaparée par la minorité au pouvoir, celle-là même qui possède les moyens de production et qui prend toutes les décisions qu'elle désire à son égard. Le reste de la population se divisera les miettes qui restent, en respectant une certaine hiérarchie, ce qui lui permettra de racheter la merde qu'elle aura elle-même produite. C'est ce que j'appellerais un cercle imparfait.

Autrement dit, si Lucien Bouchard considère que nous ne produisons pas assez de richesses au Québec (temps de travail = productivité = profits), ce n'est pas par égard au bien-être de l'ensemble de la population du Québec, mais pour celui de la minorité des privilégiés de la province, dont il fait partie. Les riches ne sont pas assez riches.

Sauf qu'on se rend compte aujourd'hui que le productivisme nous mène tout droit vers une catastrophe sans précédent. C'est que les théoriciens de l'économie (libérale) du 19e siècle considéraient les ressources naturelles comme étant illimitées. Hors nous savons aujourd'hui que leur exploitation sans limite mène à l'épuisement des «matières premières» (comme les énergies fossiles par exemple), sans parler de la pollution des eaux et atmosphérique, de la déforestation puis du réchauffement climatique, tous des phénomènes de plus en plus alarmant et qui découle directement de la logique productiviste.

Le principe de la quantité prime désormais sur la qualité. Tel fast-food vous donne peut-être des portions de plus en plus généreuses, mais si la nourriture est de plus en plus infecte (riche en calories, bourrée d'OGM, encourage l'exploitation animale, contient des résidus de pesticides, des traces d'hormones et quoi encore), peut-on vraiment parler de progrès? Est-ce que le client en a vraiment de plus en plus pour son argent? Est-il normal que vos électoraux ménagers vous pètent dans la face après 5-6 ans, alors que ceux-ci duraient 20 ans auparavant? Est-il nécessaire d'avoir un ordinateur neuf à chaque année? Ceux-ci sont de plus en plus performants, mais où cela va-t-il s'arrêter? Si ces biens de consommations sont devenus si éphémères ou sont passés date peu après leur achat, on s'aperçoit que le principe de rentabilité ne s'applique pas aux consommateurs et consommatrices. On nous chie une nouvelle console vidéo au 6 mois et vous devez vous la procurez, l'ancienne étant désormais «périmée» et les compagnies ne produisant plus de jeux pour cette même console...que vous avez pourtant acheté il y a à peine 3 ans. On passe des VHS aux DVDS, on introduit la télé HD, mais je me pose encore la question à savoir de quoi ils parlent avec leur qualité d'image rehaussée. Et puis on vous force de plus en plus à acheter, sous peine d'être exclu de l'utilisation des biens que vous utilisiez auparavant et qui fonctionnaient de manière tout à fait adéquate pour vos besoins.

Le productivisme a aussi des conséquences sur les services rendus à la population. On tente d'en faire toujours plus, avec moins d'employéEs. C'est la qualité des services qui en souffrent, comme on le voit avec plusieurs biens de consommation. Une infirmière qui fait 4 ou 5 heures d'overtime dans une journée ne sera pas aussi efficace à la fin de son «quart», de la même manière qu'un professeur qui donne un cours à 100 élèves ne peut répondre à toutes les questions, comme il ne peut accorder autant d'aide à certains ou certaines élèves que s'il avait à gérer une classe de 30 étudiantEs.

L'art s'en voit également affecté. Un groupe X ou Y doit produire un album après un certain temps et ce à cause de ses obligations envers sa maison de disques. Il a tel nombre de temps pour produire X nombres de chansons. Hors, on ne peut forcer l'inspiration, elle vient à nous. Au final, le productivisme réduit la qualité de la musique, comme celle des films, des livres , etc. 1984 ne s'est pas écrit sur un coin de table à la va vite.

Le productivisme touche même la blogosphère. On s'attend à ce que vous écrivez X nombre de billets par mois, par semaine ou même par jour (surtout si on vous paie pour le faire) et si vous ne le faits pas, vous devenez impertinent. Vous pouvez dires des sottises comme Richard Martineau et avoir une opinion ridicule et intenable sur tout et n'importe quoi, l'important c'est que vous livrez votre «pensée» à toute heure du jour ou de la nuit, peu importe le sujet ou la rigueur de vos propos. On évalue souvent (à tord) la qualité d'un blogueur au nombre de commentaires qu'il reçoit, alors que j'ai parfois l'impression que la qualité de ce qui est écrit est inversement proportionnel à l'attention qu'on lui accorde. Peut-être parce que les gens aiment se reconnaître dans les écrits d'autrui ou aime la facilité, ce qui se lit bien, vite et qui ne demande pas de réflexion. On peu alors commenter le billet avec un «lol» bien placé (quoi qu'on pourrait argumenter qu'un lol est toujours déplacé) et y aller d'une anecdote personnelle «croustillante». Plus difficile à faire après un billet interminable sur le productivisme.

Et pour renforcer l'idée qu'un blog peut être très intéressant sans recevoir d'attention outre mesure, celui-ci est excellent et personne ne le lit!

mercredi 17 mars 2010

La revolucion? Mañana, mañana.

Les anarchistes se contentent de lutter (en vain ces dernières années) pour de maigres réformes et ils délaissent l'idée de la révolution, remettant sans cesse celle-ci aux générations futures. Ce seront à elles de décider ce qui sera à faire en temps et lieu. Mais vous savez quoi? Les anarchistes disaient la même chose il y a 100 ans. Et parti comme c'est là, ils diront la même chose dans 100 ans.

Pourquoi? À cause de l'attitude actuelle des anarchistes d'aujourd'hui (et celle du passé). Parce que pendant qu'on refuse de préparer le terrain, ne serait-ce que pour les générations futures, on perd du temps. Du temps précieux. Vous pensez sincèrement que la révolte a éclaté du jour au lendemain dans les années 30 en Espagne? Vous voulez rire n'est-ce pas? La révolution fut précédée par des décennies d'organisation révolutionnaire et d'éducation populaire. La révolte que l'on voit émergée en Grèce ne sort pas tout droit d'un chapeau melon, comme le ferait un magicien avec un lapin. Il a fallu du temps et des efforts pour en arriver là.

Ce que je veux dire, c'est qu'il faut commencer quelquepart à un moment donné. Alors pourquoi pas ici et maintenant? Je sais que les gens aiment bien délèguer, en particulier l'extrême gauche en créant une mutlitude de comités, dont on ignore la plupart du temps la raison d'être ou à tout le moins, leur efficacité réelle. Mais ce n'est pas une raison pour délèguer le fardeau de s'organiser aux générations futures, à tout le moins, pas à partir de rien. Que verront-ils/elles à leur naissance dans 50 ans? Des fois je me demande s'ils/elles verront même le jour. Nous en sommes rendu là.

Je sais qu'il est facile pour moi de parler comme ça, assis sur mon cul, derrière mon écran. Je m'en rend compte. Mais en même temps, il serait ridicule de ma part de tenter de renverser le système tout seul, même si je recruterais 2 ou 3 punks pour se faire. La chose serait tout à fait absurde et ne deviendrait qu'une mauvaise blague de fin de soirée.

D'où l'idée de mettre l'accent sur l'éducation populaire. Car une insurrection, ça se prépare. Ce n'est pas spontanée, contrairement à ce que pourrait penser certains et certaines romantiques. Et ne venez pas me dire que l'émeute à la suite de la cancellation du show d'Exploited était une insurrection. J'espère qu'on s'entend là-dessus. Pour que celle-ci survienne, il faut que les gens puisse la concevoir. Non seulement que celle-ci soit désirable, mais nécessaire. Et avec le réchauffement planétaire, ce n'est pas exagérer de penser ainsi. Puis ultimement, les gens devront revoir leur conception de la violence. Jésus pronait de présenter la joue droite si on vous frappait sur la joue gauche et regardez ou cela l'a mener. C'est bien parce qu'on se laisse malmener qu'on nous malmène. C'est bien parque l'on reste à genoux que l'on fait de nous ce que l'on veut.

Je réalise qu'il faudra du temps pour changer les choses, mais je suis prêt à prendre ce temps. Je réalise qu'un individu seul ne peut rien, n'en déplaise aux individualistes, pour qui la grandeur de leur Moi les mèneront à la terre promise. Honnêtement, l'individualisme nous mène tout droit en enfer. J'aime bien que certains et certaines nous rappellent que la cellule à la base d'une société, c'est un individu. Mais si ces individus veulent réaliser leurs désirs personnels, ironiquement, ils devront s'unir. C'est pourquoi je réitère qu'il faut briser notre isolement. On ne s'entend peut-être pas sur tout, mais l'on doit continuer de se parler, d'échanger. À la base, c'est ce que devrait être une démocratie réelle et non pas la farce qu'on nous fait avaler contre notre gré.

C'est pourquoi je vous donne ces coups de pieds au cul virtuels, m'en donnant par le fait même à moi-même. Ultimement, je ne peux pas me contenter de parler, je dois agir. Je vous reviendrai sur les suites de tout ça, en espérant qu'il y en aille, mais tout ça ne dépend pas uniquement que de moi.

Mais nous n'avons qu'une vie à vivre (jusqu'à preuvre du contraire) et il me semble plus pertinent de tenter de changer les choses que de se croiser les bras et de se dire «à quoi bon?». Nous devons prendre les moyens nécessaires pour arriver à nos fins et nous n'arriverons jamais à atteindre nos objectifs en continuant dans la voie actuelle. Si vous voulez voler, vous faites mieux d'apprendre à mentir. Et si vous voulez renverser le gouvernement et envoyer le capitalisme à la poubelle de l'Histoire, vous êtes mieux d'apprendre à vous unir, à vous botter le cul, à vivre l'autogestion ici et maintenant (je ne pense pas forcément aux coopératives ici, seulement à une forme quelconque d'organisation ou d'association non hiéarchique et usant la démocratie directe) et mettre votre peur de l'échec de côté.

If You Wanna Steal (You Better Learn How To Lie) Lyrics Artist (Band): Anti-Flag

My father Michael is a genius

He sees this world the way no one can

He brought me up and he shaped my mind at the tender youthful age of 9

He said don't take this for the way it is

You better watch out son when you give inBefore you know it the friends you trust will have stabbed you in the back he said

If you wanna steal you better learn how to lie

If you wanna live you better not fear how you die

Heaven and hell are just a myth so you better pay attention to this moment[x2]

The fine line between genius and insanity

Is one he often treads so patiently

While pigs and bulls will always try to lock the door

A system built to perpetuate

Pushers pushin', dealers dealin' with they can't escape

I got kids and homes to protect

There's no living in this wage that they have set

If you wanna steal you better learn how to lie

If you wanna live you better not fear how you die

Heaven and hell are just a myth so you better pay attention to this moment[x2]

Sometimes when my apathy creeps on up from behind me

It reminds me why I moved my TV

Out of the room where I make love

In case I might just look up

And see the sky is falling from above, see it falling from above

If you wanna steal you better learn how to lie

If you wanna live you better not fear how you die

Heaven and hell are just a myth so you better pay attention to this moment[x3]

Oh yeah!

mardi 9 mars 2010

Le patriarcat et moi

Je suppose que j'aurais dû écrire ce message pour la journée du 8 mars, mais comme on doit débattre du patriarcat à l'année longue et non seulement pendant une journée, alors je ne vois pas forcément de problème.

Pour ceux et celles qui ne l'auraient pas fait, je vous invite à lire ce très bon texte paru sur le blog de zleanarchique.blogspot.com :http://zleanarchique.blogspot.com/2010/02/lautre-fondement-le-patriarcat-javais.html.

Ma pensée rejoins la sienne, hormis le fait qu'il sous-entend dans son titre qu'il y aurait deux fondements principaux dans notre société, alors que je crois qu'on pourrait en nommer d'autres, que l'on doit considérer sur un même pied d'égalité. Mais les anarchistes doivent en effet combattre le patriarcat, au même niveau qu'ils doivent combattre le capitalisme, la démocratie «représentative», le spécisme, le racisme, les religions et toutes les formes de dominations présentes dans notre société. Délaisser une sphère au dépend d'une autre serait une erreur et je pense bien que l'auteur du texte auquel je me réfère serait d'accord avec moi sur ce point. Il ne faudrait pas oublier que le patriarcat remonte au moins jusqu'au temps des sociétés chasseurs-cueilleurs (vu dans mon cours d'histoire des femmes en Occident), alors que le capitalisme ne date que de quelques centaines d'années à peine, ce qui est donc tout récent d'un point de vue historique. J'ajouterais au passage que Dupuis-Déri est politologue et non pas sociologue contrairement à ce qu'on peut lire sur le blog de ZLEA, mais il s'agit ici d'un détail, évidemment.

Bien que je comprenne le point de vue de Mouton Marron lorsqu'il dit qu'un homme peut se définir en tant que féministe, j'aurais tendance à être en accord avec Steffen sur ce point également. De la même manière que j'aurais dû mal à me définir comme étant Palestinien, n'ayant pas à subir les checkpoints et les aberrations d'une occupation militaire au quotidien, je me verrais mal me définir comme étant féministe, malgré ma sincère volonté d'en arriver à une société pleinement égalitaire. Je ne peux nier mes propres comportements machistes, voir même misogynes à certains égards, donc je serais fort mal aisé de me présenter comme étant féministe. Disons que certaines expériences négatives auprès du sexe opposé (plusieurs en fait) m'en empêche, bien que je sache qu'on ne doit pas tout mélanger, surtout pas nos sentiments personnels avec des théories qui font appel à l'intellect (et disons le, à la simple justice sociale), mais tout ça peut malheureusement venir s'entremêler, même à notre insu. Disons aussi qu'un certain «militant» m'a convaincu en se prétendant féministe afin de pourvoir les séduire qu'il valait mieux garder ma position initiale à ce propos.

De plus, un des points qui ressort chez les féministes, est que les hommes ont tendance à prendre les devants et à monopoliser la parole dans les réunions militantes ou syndicales, ou à tout le moins qu'il prenne beaucoup de place et que les femmes ont tendance en prendre un rôle secondaire, quand elles ont un rôle. Sachant cela et en l'entendant de leurs bouches mêmes dans une réunion féministe mixte, je me suis tais presque pendant toute la réunion, passant uniquement une remarque un peu insignifiante à la toute fin. J'ai écouté et c'est déjà beaucoup, mais je veux dire que le danger serait que les hommes disent aux femmes comment elles devraient lutter et comment vaincre le patriarcat, reproduisant ainsi certains problèmes qu'on devrait justement régler.

Je suis également plus à l'aise pour émettre certaines critiques sur le féminisme en étant à l'extérieur du mouvement, car comme je l'ai mentionné plus haut, il y un danger que les hommes finissent par décider à la place des femmes sur ce qui est bien et ce qui est mal. Un exemple serait la lutte des classes transposées aux genres, le sexe masculin étant la classe dominante et le sexe féminin (genre serait peut-être plus approprié) la classe exploitée. Je ne nie pas la pertinence de cette analyse, mais comme la lutte de classes, elle ne laisse pas forcément la place à la nuance. Je pourrais développer, mais nos ennemis ne sont pas toujours là où nous prescrit ces théories, plus ou moins bien adapté à la réalité matérielle.